Il est question de champignons géants avec une âme, dans le dernier roman d’Albert Sánchez Piñol Fungus. Le roi des Pyrénées, d’anarchisme et du pouvoir dans une vallée de non-droit perdue entre l’Espagne et la France. Qu’on situerait approximativement aux Pyrénées Orientales. Le roi catalan du fantastique utilise à nouveau les outils de genre pour nous faire une réflexion sur la nature du pouvoir qu’il penche plutôt du côté de Marcel Mauss, l’anthropologue français qui considérait que ce sont les gens d’en bas qui conditionnent le leader, que de Nietzsche, qui attribuait au leader des qualités surhumaines.
Mais le lecteur peut tranquillement s’y immerger comme si c’était un western hivernal placé en 1888, en paroles de son auteur, et parcourir les aventures du protagoniste Ric-Ric et son armée des champignons avec les illustrations oniriques de Quim Hereu. Le cinquième roman de Sánchez Piñol (Barcelone, 1965), après La Peau froide, Pandora au Congo, Victus et Vae Victus, est sorti en catalan en 2018 (La Campana) et comme tous les autres excepté Vae Victus (inédit en français) est publié dans cette langue par Actes Sud avec traduction de Marianne Millon.
Actes Sud fait apparaître Fungus dans sa collection Exofictions le 3 mars et elle nous accorde l’opportunité de publier en avance le premier chapitre d’une vingtaine des pages. Comme rappel, le même Sánchez Piñol vient de sortir en catalan Les estructures elementals de la narrativa (La Campana, 2021 ; Les Structures élémentaires de la narrative), un manuel pour écrire des romans depuis l’antiquité et qui dissèque les impérissables trois actes.
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